La fibromyalgie reste une maladie mystérieuse, difficile à diagnostiquer et à traiter. Une stimulation électrique hyperprécise pourrait atténuer les douleurs chroniques. Au stade actuel de la recherche, les résultats sont encourageants.
La fibromyalgie associe de multiples symptômes : fatigue, troubles du sommeil, problèmes digestifs… Et la douleur, en différents points du corps, est des plus pénibles. Pour tenter de la soulager, les patients ont recours à toutes sortes de médicaments : antalgiques, antidépresseurs, relaxants musculaires…
Un nouvel espoir se profile avec la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS en anglais). Cette technique, indolore, est capable de modifier temporairement l’activité cérébrale. Déjà utilisée en psychiatrie pour traiter les dépressions graves ou les troubles obsessionnels compulsifs, elle commence tout juste à montrer ses capacités contre certaines douleurs chroniques.
Soulager la fibromyalgie en régulant les anomalies cérébrales
Au début des années 2000, l’imagerie cérébrale a révélé des anomalies dans certaines zones du cerveau des patients fibromyalgiques (2 à 3 % de la population française, surtout des femmes). Auparavant, aucun examen neurologique, biologique ou musculaire ne pouvait expliquer les douleurs.
En 2008, une équipe de chercheurs a mesuré, grâce à la scintigraphie, le débit sanguin cérébral : « Nous avons montré des modifications de l’activité du cerveau : un hyperfonctionnement des régions cérébrales qui perçoivent la douleur et, au contraire, un hypofonctionnement des zones qui contrôlent les émotions et l’attention », explique le Dr Éric Guedj, du service central de biophysique et de médecine nucléaire de l’hôpital de La Timone (Marseille). De là, il était logique de chercher à réguler ces anomalies cérébrales.
Le principe de la stimulation magnétique transcrânienne
La rTMS agit sur l’activité électrique du cerveau et son fonctionnement. Le principe ? « Une bobine métallique appliquée sur le cuir chevelu transmet une impulsion magnétique. Celle-ci engendre un choc électrique qui modifie l’activité cérébrale. En fonction de la fréquence, cette activité est excitée ou inhibée », explique le Dr Guedj.
Dans les cas de fibromyalgie, la région du cortex moteur est concernée. Le patient doit rester assis sans bouger une vingtaine de minutes pendant que la zone cérébrale est stimulée par le courant électrique. La technique est sans douleur et sans effets secondaires. On l’évite par précaution chez les personnes épileptiques.
« Avant de débuter un traitement par rTMS, il faut localiser la zone corticale à stimuler et en garder la trace sur un bonnet avec des repérages anatomiques simples pour répliquer la stimulation sur la même zone à chaque séance », précise le Dr Philippe Roussel, responsable du Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD) de l’hôpital de La Timone.
Le rythme des séances de rTMS encore à l’étude
Pour obtenir un effet antidouleur, il faut répéter les séances régulièrement. Différentes équipes scientifiques essaient d’en déterminer la fréquence. En avril, l’étude menée par le Dr Nadine Attal, responsable du CETD de l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt (92), a montré le bénéfice d’une série de stimulations : une séance par jour pendant cinq jours, puis une par semaine, une toutes les deux semaines, et enfin une par mois. Le traitement s’est étalé sur un an. L’équipe a pu noter une amélioration dans le traitement de la douleur et de la fatigue.
De son côté, le Dr Roussel vient de lancer une étude avec un protocole légèrement différent. Les résultats sont attendus en 2011. Cependant, la principale limite de la rTMS, c’est que son effet antalgique est transitoire : quelques jours seulement. Dans ce contexte, « la rTMS pourrait aider à passer le cap d’une poussée douloureuse et invalidante », explique le Dr Roussel.