Plusieurs personnes en souffrent. Malgré les visites chez le médecin, l’état général ne semble pas s’améliorer. Les patients ressentent la même chose : un état douloureux chronique musculaire étendu à plus ou moins toutes les régions du corps et qui se manifeste par une asthénie et une fatigue permanente avec des troubles importants du sommeil. Est-ce une fibromyalgie ?
La fibromyalgie, également appelée Syndrome polyalgique idiopathique diffus ou SPID, est une maladie psychosomatique qui provoque des douleurs généralisées chez les patients : ils ont mal… partout. Cette maladie qui apparaît chez les personnes âgées entre 30 et 60 ans, mais surtout vers 45 ans, touche 2 à 6% de la population dans les pays industrialisés avec une nette prédominance féminine (80% de femmes).
Plusieurs causes… mises en cause
Des facteurs génétiques peuvent être évoqués : les gens qui souffrent de fibromyalgie ont souvent quelqu’un dans leur famille qui a subi les mêmes ennuis. On peut aussi soupçonner une anomalie du système nerveux central avec une diminution des taux des neurotransmetteurs comme la sérotonine chez les patients atteints. Citons également la possibilité d’un trouble métabolique de la substance P, à l’origine de la transmission de l’influx nerveux nociceptif, qui augmente la sensibilité à la douleur. Des facteurs infectieux comme le virus de l’hépatite B ou C peuvent être par ailleurs à l’origine de ce syndrome. D’autre part, des problèmes psychologiques en particulier le stress pathologique, l’anxiété et la dépression sont eux aussi mis en cause. Enfin, le manque chronique du sommeil réparateur constitue aussi bien un symptôme qu’une étiologie de ce syndrome.
Douleurs, troubles du sommeil, fatigue chronique
La fibromyalgie pourrait être considérée comme un trouble de perception de la douleur, avec une réduction du seuil douloureux et un manque de capacité d’adaptation à la douleur. Elle se manifeste cliniquement par des douleurs diffuses principalement musculaires associées à une fatigue chronique et à des troubles de sommeil. Les douleurs musculaires diffuses touchent certains endroits du corps qui sont très douloureux et s’accompagnent d’une contracture musculaire, en commençant par le cou, les épaules puis en descendant pour toucher le dos, le thorax, les bras pour arriver enfin aux jambes.
Le malade a souvent l’impression que les zones douloureuses sont gonflées. Des céphalées et des migraines intenses sont parfois associées au SPID, ainsi qu’une colopathie fonctionnelle (constipation, douleurs abdominales, ballonnement…). Des difficultés de concentration sont rencontrées aussi chez ces patients et souvent un état dépressif et ou anxieux chez un tiers des patients.
Quant au diagnostic médical, il se fait selon des critères bien établis, par le Collège américain de rhumatologie élaborés en 1990. Pour retenir le diagnostic de fibromyalgie, il faut réunir une histoire clinique de douleurs diffuses musculaires datant de plus de 3 mois ainsi que la mise en évidence à l’examen clinique du patient de 11 points douloureux sur les 18 points caractéristiques de la maladie.
Traumatisme, stress, choc émotionnel, autres maladies somatiques (diabète, infection…), bruit, promiscuité, effort physique important, froid, humidité, chaleur, certaines conversations stressantes, manque de sommeil…Tout cela peut engendrer une crise de fibromyalgie.
La fibromyalgie n’est pas une maladie grave sur le plan vital, elle ne cause pas de problèmes de santé majeurs mais elle est chronique et résiste souvent au traitement médical. Elle peut avoir des conséquences familiales au niveau du couple et de la famille sous forme de tensions familiales. Elle peut aussi retentir sur l’activité professionnelle avec un taux élevé d’absentéisme et une difficulté de concentration, ce qui est susceptible de diminuer le rendement.
Evitons-la !
Quant à la prévention, elle repose essentiellement sur un dépistage des états anxieux, chroniques ou dépressifs, chez des patients présentant des douleurs chroniques diffuses essentiellement musculaires. Un traitement est nécessaire pour éviter la chronicité des douleurs et empêcher l’installation du cercle vicieux.
Le traitement, un vrai casse-tête
« Le traitement est très difficile et mal codifié », reconnaît la spécialiste. Les traitements antalgiques (avec les 3 paliers de l’OMS) et anti-inflammatoires employés seuls sont souvent inefficaces seuls. On peut utiliser éventuellement les antidépresseurs ou les antiépileptiques plutôt pour leurs effets antalgiques sur le système nerveux central. Et comme antidépresseur, ceux de la famille des tricycliques qui sont très efficaces contre le manque de sommeil permettent la diminution de la douleur et l’amélioration de la qualité de vie. D’autres antidépresseurs sont aussi efficaces comme les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (qui rappelons-le paraît impliquée dans la physiopathologie de la fibromyalgie).
« les mordus d’étymologie, le terme fibromyalgie vient du latin « fibra » (fibre), du grec ancien « myos » ou muscle et du grec « algos » qui est la douleur.
On peut utiliser aussi les anxiolytiques pour leur efficacité pour le sommeil. En particulier, on peut prescrire les benzodiazépines mais cela risque d’entraîner une accoutumance et une dépendance. Parmi les autres traitements, on peut citer les myorelaxants tels que le thiocholchicoside qui agit sur la contracture musculaire. Enfin, on peut utiliser les hypnotiques par leur action réparatrice sur les troubles du sommeil. Une importance particulière au soutien psychologique chez ces patients par un psychologue ou un psychiatre.Certains médecins proposent un régime alimentaire équilibré, l’éviction des excitants tels le tabac et l’alcool et le recours à l’homéopathie. Des exercices en balnéothérapie ainsi que des programmes de kinésithérapie comprenant des exercices en aérobie, le stretching et la pratique de certains sports de relaxation tel que le yoga peuvent donner des résultats intéressants, insiste notre spécialiste.