La fibromyalgie, ou “maladie de la douleur”, reste difficile à soigner. Ecouter de la musique dans un cadre médical, ce que l’on appelle la musicothérapie, permet de soulager ceux qui en souffrent. Un antidouleur efficace et sans effet secondaire !
La musique n’adoucit pas que les mœurs. Selon plusieurs études récentes, elle améliore le quotidien des personnes qui souffrent de fibromyalgie, quels que soient leur âge et l’ancienneté de leur maladie. Ce syndrome chronique se traduit par des douleurs dans tout le corps, handicapantes et souvent difficiles à apaiser, associées à des troubles du sommeil et à une grande fatigue.
Des résultats sur la douleur dès la première séance de musicothérapie
Plusieurs essais cliniques rapportent qu’écouter de la musique pendant 20 minutes dans un cadre médical, entouré de psychologues, a un effet antidouleur dès le premier jour, effet qui augmente au fil des séances. Explication : la fibromyalgie serait une sorte d’hypersensibilité à la douleur et la musicothérapie, qui fait partie des disciplines de thérapie par l’art, pourrait rééquilibrer les circuits neurologiques impliqués.
Bien que le mécanisme ne soit pas encore totalement décrypté, la musique semble, en effet, induire une perte de sensibilité à la douleur (analgésie). Des neuroscientifiques ont même observé par IRM que cinq minutes d’écoute suffisent à avoir un impact sur le cerveau ! « La musique vient contrecarrer le message douloureux. Elle réduit aussi le stress et l’anxiété, deux émotions qui amplifient la douleur », explique Stéphane Guétin, psychologue musicothérapeute, et l’un des premiers à avoir validé cette thérapie auprès de patients fibromyalgiques.
La relaxation induite permet de détendre les tensions et les contractures musculaires. « Comme elle a moins mal, la personne peut se remettre doucement en mouvement et retrouver une vie normale », complète le spécialiste.
Écouter la musique dans le calme
Le choix des morceaux diffère selon les études. Certaines équipes de rhumatologues et de psychologues choisissent des sons d’eau ou des “bruits” correspondant à des fréquences sonores bien précises. D’autres laissent les personnes fibromyalgiques choisir les musiques qui leur plaisent du moment qu’elles les trouvent relaxantes. D’autres encore préfèrent sélectionner des musiques que les patients connaissent peu afin de ne pas provoquer d’émotions éventuellement perturbantes.
Alors, que préférer ? « Contrairement à ce que nous pensions, nous avons observé que la douleur et la fatigue fibromyalgiques diminuent de la même façon, que les patients écoutent des sons ou des morceaux. Ce qui est important, c’est leur rythme et la façon de les écouter : au casque, en position allongée, dans un environnement calme », précise Stéphane Guétin.
Une play list sur mesure pour soulager la fibromyalgie
En France, un protocole a été validé par les équipes de Stéphane Guétin et du Pr Jacques Touchon, neurologue à Montpellier. Ainsi, Music care consiste à réaliser un montage musical qui suit une certaine progression (dite en “U”). Cette application mise au point pour les professionnels de santé peut ensuite être utilisée à la maison, une fois le patient “entraîné” à son utilisation par l’équipe médicale. Le premier mois est offert, puis 9,90 €/mois, suriOS et Android. Pour connaître les centres qui l’utilisent : [email protected] ou 09 52 03 03 34.
« On commence par faire un bilan approfondi de la personne, de son état psychologique, de ses problèmes, ainsi que de la musique qu’elle aime, pratique ou écoute, dit la musicothérapeute Céline Masmonteil. Les premiers morceaux sont très rythmés pour raisonner avec le stress et l’anxiété du patient, il peut s’agir de rock ou même de metal ! Puis, la musique ralentit. Ainsi, le rythme cardiaque et l’état mental suivent son tempo. Quand le patient est détendu, une musique de plus en plus rythmée lui permet de reprendre pied dans la réalité. » Les différentes études sur le sujet ont établi qu’une séance quotidienne devait durer 20 minutes, pendant deux mois. En pratique, il est difficile de se rendre tous les jours, ou même cinq fois par semaine, chez un musicothérapeute. « Les patients viennent au moins une fois par semaine, puis à la demande », constate Céline Masmonteil.
L’idéal serait de pouvoir reproduire l’expérience chez soi, mais tous les thérapeutes ne permettent pas à leurs patients d’emmener l’enregistrement à la maison. Néanmoins, il est toujours possible de s’apaiser en écoutant “simplement” de la musique. L’an dernier, des psychologues allemands et britanniques ont observé que des personnes fibromyalgiques avaient ainsi un meilleur contrôle de la douleur. « La musique en elle-même est déjà bénéfique, rappelle Stéphane Guétin. Il faut se mettre dans de bonnes conditions, allongé, avec un casque, voire un masque de nuit sur les yeux, et s’assurer de ne pas être dérangé. »
Où trouver un musicothérapeute ?
Consulter l’annuaire de la fédération française de musicothérapie. C’est l’assurance que le praticien a suivi un cycle dans une université ou une école reconnue.
Compter 50 à 60 € la séance, non remboursés par l’Assurance-maladie.